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prophétesses, les fatalistes et les devins, qui se trouvent parmi les Chaldéens égarés dans le mensonge, l’astrologie et le culte du Zodiaque[1], sur lesquels les insensés fondent leur espoir ; n’ayez pas de déférence envers le péché et repoussez les dons et les offrandes de la subornation, par lesquels le juste devient coupable et les yeux de ceux qui les reçoivent s’aveuglent. Ne prenez pas d’ennui pour les fonctions qui vous ont été confiées, car dans toute votre vie le Seigneur sera votre repos. Soyez diligents pour baptiser, et n’aimez point les intérêts de ce monde ; jugez avec droiture et équité, et ne scandalisez pas les aveugles, de peur que le nom de celui qui ouvrait les yeux privés de l’usage de la vue ne soit blasphémé à cause de vous, et que tous ceux qui vous verront dorénavant comprennent que vous exécutez tout ce que vous prêchez et enseignez ».

Et ils servaient dans l’église que bâtit l’apôtre Addée avec la permission du roi Abgar, et ils étaient les administrateurs du roi et de ses satrapes pour subvenir aux besoins de l’église et des indigents. Et chaque jour s’assemblait une grande multitude pour assister aux prières et à l’office ; et comme ils avaient reçu quelques notions de l’ancien et du nouveau testament, ils croyaient à la très-sainte Trinité[2], à la résurrection et à la vie future des trépassés ; ils enterraient leurs morts avec l’espérance d’une seconde vie, ils célébraient joyeusement les fêtes de l’église, chacune à son époque, ils observaient avec exactitu-

  1. Notre traducteur ancien paraît n’avoir pas connu le sens du mot syriaque ; aussi transcrit-il le même mot en arménien ՛ի մղալաշէիյ, malouchée.
  2. Nous avons déjà observé (pg. 36) que la dénomination de la S.e Trinité n’était pas encore en usage au Ier siècle. D’ailleurs le D.r Cureton (p. 158) lit ici dans le syrien Ditornon ou Ditonron qu’il ne comprend pas, et s’imagine qu’il pourrait signifier le Diatessaron, c’est-à-dire la concordance des Évangiles faite par Tatien le syrien, qui vivait au commencement du IIe siècle. Nous prions les syriologues de nous éclairer sur ce point : cependant on voit d’après ce qui suit dans l’original, que toutes ces recommandations sur les fêtes de l’église sont introduites après coup.