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les princes et le peuple offraient à Dieu leurs vœux et leurs présents et le glorifiaient tous les jours.

Cependant Avidas et Barschalaba qui étaient les principaux personnages et les magistrats de la ville, et qui portaient le bandeau royal[1], s’approchèrent d’Addée et l’interrogèrent sur la venue au monde du Christ, comment étant Dieu il leur apparaissait sous la forme humaine, ou bien comment ils pouvaient le regarder en face. Alors Addée recommença à leur raconter et à leur apprendre un à un tous les faits qui devaient fortifier leur résolution chancelante, et il les maintenait dans la croyance de tout ce qu’ils virent et entendirent ; il leur exposait en outre toutes les prédictions des prophètes au sujet de Jésus-Christ ; et les princes, de leur côté, l’écoutaient avec plaisir et avec foi, et personne ne s’opposait à lui, car les actions éclatantes qu’il faisait ne permettaient à aucun homme de le contredire. Lorsque Shavidas et Abednabou, les chefs[2] de la ville, et leurs compagnons Péroz et Dancov[3], virent les miracles opérés par l’apôtre Addée, ils coururent renverser les autels sur lesquels ils avaient coutume de faire des sacrifices devant leurs faux dieux, Bel et Nabou, et aussi le grand autel[4] qui se dressait au milieu de la ville, en s’écriant : « Cet homme est le vrai disciple de ce grand docteur éclairé et honoré de tout le monde, dont nous entendions les œuvres merveilleuses qui se faisaient dans le pays de Palestine ». Et l’apôtre Addée rassemblait tous ceux qui croyaient en Jésus-Christ et les baptisait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; et les adorateurs des idoles de pierre et de bois, venaient se jeter à ses pieds pour être instruits par lui et recevoir ses avis, afin de s’éloigner des idoles et des erreurs païennes. Même les Juifs qui connaissaient les

  1. Notre traducteur (arménien) dit խոյր qui signifie ordinairement la tiare ou coiffure royale.
  2. Dans le syrien les chefs des prêtres ou pontifes.
  3. Cureton lit Dicou.
  4. Selon Cureton, excepté le grand autel.