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mes doivent ne pas baisser la tête sous le joug de la corruption païenne. Je ne dis pas seulement que vous n’adoriez point les créatures, parce qu’elles sont visibles, mais que tout ce qui fut créé, visible, ou invisible est créature, et c’est une impiété horrible que d’attribuer à des créatures le glorieux nom de la divinité. Je ne prêche pas comme vous l’adoration des créatures, mais l’adoration de leur maître, et le mouvement qui les fait trembler[1] vous dit assez haut que toute créature dépend de la force de Dieu, qui était avant les siècles, dont la nature se soustrait à tout examen à cause de son invisibilité ; et Jésus se glorifie avec son Père dans la hauteur des cieux, car il est le Seigneur et Dieu éternel. Telle est la doctrine que nous enseignons dans tout le monde, et c’est ainsi qu’il nous fut ordonné de prêcher devant ceux qui nous écoutent, et de convertir non pas forcément mais par la puissance et l’infaillible vérité de Dieu ; les miracles que nous opérons en son nom attestent la vérité et la fidélité de notre foi. Croyez donc dès à présent mes paroles et recevez ce que je vous ai dit et ce que je vais vous dire ; afin que la vengeance de Dieu ne tombe pas sur ma tête je vous avertis et je vous préviens : faites un bon accueil à mes paroles et ne les méprisez pas ; retournez, ô vous, qui vous étiez éloignés de Dieu et approchez-vous de Jésus-Christ ; au lieu des sacrifices et des offrandes que vous rendiez aux faux dieux dans votre déraison, présentez-lui dorénavant des sacrifices d’actions de grâces.

» Que signifie ce grand autel que vous avez dressé au milieu de cette ville, et pourquoi cette foule d’allants et venants qui y sacrifient aux démons et aux esprits impurs ? Si vous n’avez point étudié dans des livres, la structure même du corps de vos idoles n’est-elle pas pour vous un enseignement ? car elles ont des yeux et ne voient rien ; et vous qui avez aussi des yeux vous ne

  1. Il semble qu’il fasse allusion aux tremblements de terre, dont en effet le ravage n’est pas inconnu dans ces contrées, et qui peut-être étaient une cause de superstition pour leurs habitants.