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Après ce jour-là le roi Abgar ordonna à Abdiou, fils d’Abdia qui était guéri de la maladie dont il souffrait aux pieds, d’expédier des hérauts pour appeler toute la ville, et que tous, hommes et femmes, se rassemblent dans un lieu appelé Bethbara qui était un vaste local appartenant à la famille d’Avité, fils d’Abdékhi, afin qu’ils entendent la doctrine de l’Apôtre Addé, quelle était la manière de son enseignement, ou bien au nom de qui il guérissait les malades, et par quelle vertu il faisait des miracles. Car lorsque Addé guérit le roi Abgar, les satrapes seuls qui se trouvaient présents virent que celui que beaucoup de médecins n’avaient pu guérir malgré leur science, un étranger le guérit par la seule parole de Jésus-Christ.

Or, d’après l’injonction du roi, tous les habitants de la ville, hommes et femmes, furent rassemblés, de même qu’Avida[1] et Labbou et Khaphès et Barchalaba[2] et Louboubna[3] et Chosron[4] et Schamschagram et plusieurs autres de leurs compagnons qui, comme eux, étaient des princes et des satrapes du roi ; en outre s’y rendirent en foule tous les soldats et beaucoup d’ouvriers, les Juifs et les païens qui se trouvaient dans la même ville, et les étrangers venus des autres pays, tels que de Nisibie et de Haran, et tous les habitants de la Mésopotamie[5], qui étaient accourus à flots serrés

  1. Le propriétaire même de la maison où ces gens s’étaient rassemblés.
  2. Voyez la note 1 page 25.
  3. Nommé Leboubnia plus bas : c’est l’auteur même de cette histoire : voyez la fin de son ouvrage et notre préface.
  4. Celui-ci semble être le nommé Khosran, dynaste de la tribu des Ardzerouni, qui commandait le détachement arménien confédéré avec le roi Arète contre Hérode. Sa femme Sanod avait allaité Sanadroug, neveu d’Abgar. (M. de Khorène, II, 29, 36). — Thomas Ardzerouni (v. note 3, pg. 9), chez qui ce dynaste est nommé Khorène (selon nos manuscrits) dit qu’il alla, après la mort d’Abgar et de son fils Anane, au service de l’empereur Tibère, et finit la guerre d’Espagne : après quoi il se retira chez la reine Hélène à Jérusalem, et y finit ses jours.
  5. Comme Édesse était alors la ville la plus distinguée de la Mésopotamie, il y avait sans doute un grand concours de gens de tous les pays environnants.