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votre divine grandeur, vous qui avez pris notre corps et qui vous fîtes homme, vous qui souffrîtes des tortures et fûtes crucifié ; faites que ma fille revienne à la vie et que votre nom soit ainsi glorifié, par le retour de l’âme de ma fille en son corps, et ceux qui vous attachèrent à la croix seront couverts de honte, et vos adorateurs se réjouiront. Elle attendit une heure après la prière ; puis elle ôta la croix de dessus le cadavre, y mit la seconde croix, et commença à prier de la sorte : Ô Dieu, dont le regard a fait toutes les créatures, et par ordre duquel toutes les éternités furent établies, ô Dieu, qui voulez la vie de tous les hommes qui vous invoquent, et qui leur prêtez une oreille favorable pour leur accorder ce qu’ils désirent : si cette croix est la vôtre, déclarez, selon votre coutume, votre puissance et votre grandeur : que ma fille ressuscite et qu’elle revive ! que les Juifs qui vous crucifièrent et que les gentils qui adorent les idoles au lieu de vous, soient humiliés ! et que les fidèles et les vrais croyants vous rendent des remerciements, en ouvrant leurs bouches pour vous bénir en présence de tous ceux qui nient votre existence. Ayant ainsi attendu deux heures à peu près, elle enleva de nouveau cette autre croix du corps de sa fille, et prenant la troisième, elle la mit sur le cadavre ; et lorsqu’elle voulait élever les yeux pour regarder le ciel, et ouvrir la bouche pour réciter des prières, tout à coup, à peine la croix eût touché le corps inanimé, sa fille ressuscita en un clin d’œil, se dressa tout de suite et se levant glorifiait Dieu qui l’avait sauvée par sa croix. L’impératrice Patronicée ayant vu la résurrection imprévue de sa fille, s’épouvanta, fut saisie de frisson, et se prosternant la face contre terre glorifiait Jésus-Christ en qui elle avait cru, et dorénavant elle fut plus affermie dans la foi en confessant que Jésus en vérité est le fils du Dieu vivant. Son fils lui dit : Avez-vous vu, madame ? si cet accident n’était point arrivé aujourd’hui, nous aurions peut-être abandonné, sans la connaître, la croix du Christ qui ressuscita ma sœur, et nous eussions adoré