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le malheur qui m’est arrivé se moqueront de moi ; et les gentils, égarés dans de fausses religions et dont j’ai abjuré les simulacres et les idoles, sans craindre les divinités du paganisme, se réjouiront maintenant et me railleront en disant : Ce coup l’a frappée parce qu’elle renonça aux dieux qu’elle adorait et devant lesquels elle se prosternait, parce qu’elle confessa le Christ qu’elle ne connaissait point, et qu’elle était allée honorer les lieux de son crucifiement et de son tombeau. Seigneur, si je ne mérite pas que vous exauciez mes prières, car j’ai adoré les créatures au lieu de vous, du moins épargnez votre glorieux nom, afin qu’il ne soit pas blasphémé une seconde fois comme il l’a été jadis pendant votre crucifiement. En disant ces mots elle gémissait amèrement et sanglotait devant tous les assistants. Alors son fils aîné s’approchant d’elle la soulagea en ces termes : Ma mère, écoutez ce que je veux vous dire ; il me semble que cette mort qui vient de frapper tout à coup ma sœur, n’a pas été inutile, au contraire elle servira à vous faire voir un miracle prodigieux qui glorifiera l’illustre nom du Christ, au lieu que vous croyez que ceux qui apprendront votre infortune vont l’insulter et le mépriser. Nous voici dans ce tombeau, et nous avons trouvé ici trois croix, sans savoir laquelle appartient à Jésus-Christ ; mais à présent par la mort de ma sœur nous pourrons voir et savoir quelle est la croix du Christ ; car le Jésus-Christ ne peut pas abandonner ceux qui le cherchent. Alors l’impératrice Patronicée, quoique très-affligée, considérant avec sagesse dans son esprit l’heureux avis de son fils, s’approcha et s’empara de l’une des croix et la posa sur sa fille qui gisait devant elle, et se mit à prier en ces termes : Ô Christ, vous qui avez montré de grandes vertus et de grands miracles en ce lieu, nous crûmes à ce qui nous fut rapporté ; c’est-à-dire que cette croix est la vôtre, et que vous avez étendu vos bras sur cette croix et que vous fûtes pendu sur elle par des hommes audacieux et pervers ; révélez donc la force de