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étant arrivé à Ourha, se rendit chez un homme qui s’appelait Tobie, fils du Juif Tobie[1], originaire de Palestine ; et le bruit de son arrivée fut bientôt répandu dans toute la ville. Un satrape, nommé Abdias, fils d’Abdiou[2], qui était un des éminents personnages de la cité, et vice-roi, se présenta à Abgar et lui dit : « Il est arrivé ici un messager ; c’est probablement celui-là même que Jésus avait promis de vous envoyer pour vous guérir ». Abgar, après avoir entendu parler d’Addé, de ses miracles et de ses guérisons merveilleuses, réfléchit et fut persuadé que c’était vraiment lui dont Jésus avait dit qu’après son ascension il lui enverrait un de ses disciples qui lui rendrait la santé. Alors Abgar fit venir Tobie dans son palais et lui dit : « J’ai entendu dire qu’un homme puissant est entré chez vous ; amenez-le-moi donc, afin que je sois guéri par lui de mes maux ». Le lendemain, Tobie s’empressa de conduire l’apôtre Addé près du roi : Addé, de son côté, ne doutait pas qu’à l’aide de la puissance de Dieu il pouvait accomplir

    nomment ou sont écrits Adé, Ադէ, avec un seul d, tandis que dans le syrien, le disciple de J.-C. s’appelle Addée, son successeur Aggée. Un auteur Syrien du XIII siècle, l’évêque Salomon (v. Assemani, Bibl. Orient. III, 306. — Cureton, 164) rapporte une tradition singulière, selon laquelle le disciple de Jésus serait nommé Addéus, son disciple le coiffeur Aggéus, et le disciple de celui-ci un troisième, Thadéus, et tous les trois martyrisés par Hérode fils d’Abgar ! Dans la traduction syrienne d’Eusèbe le frère de S. Thomas est appelé, comme dans la nôtre, Thadée. Notre histoire ecclésiastique connaît d’ailleurs un autre disciple de Thadée nommé Dadée ou Dadiou Դադէ, Դադիու, qui a confessé dans la province de la Petite Sunie ou Artzakh, où l’on connaît encore le couvent de Saint-Dadée.

  1. On croirait qu’ils descendaient de l’ancien Tobie de la tribu de Nephtali. Moïse de Khorène dit qu’on le regardait comme descendant de ces Juifs emmenés captifs en Arménie et qui furent nommés Bagratiles.
  2. Tous ces noms sémitiques conviennent aux peuples de la Mésopotamie, parmi lesquels régnait Abgar : cependant des ministres et des courtisans de mêmes noms sont cités à cette époque par Tacite lui-même chez les Parthes et les Arméniens. (Tacite, Annal. VI. 31, 32). Selon Moïse de Khorène, Abdiou était le gouverneur ou maire de la ville, et très-distingué dans la cour même.