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LETTRE À M. ERNEST RENAN

tout cela me maintenait dans un état de soupçon, qui ne faisait que s’accroître, soupçon fortifié par l’opinion de plusieurs savants que j’avais consultés, en leur exposant mes doutes.

« Je n’hésitai plus et résolus de faire tout ce qui serait possible pour élucider la question, et tout bien pesé, je sentis que si j’avais éprouvé quelque satisfaction en parvenant à déchiffrer l’inscription, j’en éprouverais certainement une bien plus grande encore si je parvenais à en découvrir l’auteur. Le moyen dont je me servis pour cela fut la comparaison des autographes de divers orientalistes, que je jugeai capables de cette fraude, avec la lettre originale du pseudo Costa.

« On peut s’imaginer combien je dus avoir de persévérance, déployer de discernement, pour arriver à exécuter cette tache épineuse et désagréable, mais nécessaire, au moyen d’une correspondance dont je pris l’initiative avec chacun d’eux.

« Heureusement enfin, la preuve irrécusable, si longtemps et si anxieusement attendue, vint me tomber entre les mains. La fraude se dégagea évidente de cette pénombre de doute à travers laquelle je l’entrevoyais, et se trouva dans une telle lumière que la plus entière conviction se fit dans mon esprit.

« Quel a pu être le but de l’auteur de cette mystification manquée, qui a demandé un travail considérable,