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LETTRE À M. ERNEST RENAN

de probabilités, et les faits positifs, les seuls sur lesquels elle puisse s’étayer sûrement, nous font encore défaut[1].

Il y avait près de trois ans que la copie de la prétendue inscription avait été envoyée à l’Institut historique. Durant cet espace de temps, ma communication à la presse de Rio de Janeiro, malgré son caractère tout conditionnel, était reproduite par tous les journaux du Brésil, comme elle l’avait été à l’étranger, et par un même sentiment de curiosité. Mais, tandis qu’à l’étranger, on commentait le document avec les lumières de l’érudition bien qu’avec de naturelles hésitations pour plusieurs spécialistes ; dans mon propre pays, où règne généralement une indifférence regrettable pour ces sortes de sujets, et ou personne ne se livre à l’étude des langues orientales, il s’est trouvé des individus qui ont osé me

  1. À l’époque oú je m’occupais de l’inscription de la Parahyba, j’allai exprès examiner la prétendue inscription de la Gavea, décrite et représentée par une planche lithographiée dans le Ier volume de la Revista do Instituto historico. Je n’y vis rien, absolument rien qui put donner l’idée d’une inscription quelconque. Ce qui a été considéré comme tel, n’est qu’une série en ligne horizontale de sillons irréguliers, à peu prés verticaux, produits par les eaux pluviales qui tombent depuis des siècles du sommet de la montagne (La Gavea est couronnée d’un plateau carré en forme de table), descendent sur la paroi verticale, en passant sur une des couches sous-jacentes ; cette couche est en voie de décomposition, comme le sont la plupart des sommets des montagnes de gneiss des environs de Rio de Janeiro.

    Le même volume de la Revista do Instituto contient le rapport d’un Mestre de Camp, commandant de l’une de ces fameuses troupes (bandeiras) exploratrices des territoires déserts ou inconnus, qui dit avoir rencontré les restes en ruines d’une ancienne ville, et y avoir trouvé des inscriptions, dont il reproduit quelques unes. J’ai cru voir dans ces figures des caractères hiéroglyphiques et proto-helléniques, mais le comte de la Hure les rattache de préférence à l’éthiopien ancien et à l’himyarite.

    Quoi qu’il en soit, j’ai déjà parlé de cela dans une autre publication, en exprimant mes doutes, jusqu’à ce que l’on ait retrouvé cette localité, oú je suppose qu’il existe des cavernes calcaires.