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LETTRE À M. ERNEST RENAN

équestre, supposée phénicienne, trouvée à Corvo, dont le bras droit était étendu dans la direction de l’Ouest ; on a aussi une mention de Thévet[1] au sujet de deux monuments de pierre de la même origine, dans une grotte de l’île São Miguel, on possède également les révélations de Cabrera à l’égard de Votan et de ses voyages de Chivin en Amérique ; enfin, Pline dit que les envoyés de Juba trouvèrent aux Canaries un petit temple carthaginois dans une île qu’ils nommèrent Junonia, du nom de la divinité protectrice de Carthage ; ils trouvèrent aussi des ruines d’habitations, vestigia ædificiorum.

Mais toutes ces traditions sont au-dessous de celles de Quetzalcohuatl et de Bochica qui, d’après les théogonies américaines, seraient venus des pays d’outre Atlantique, et, probablement des rives orientales de la Méditerranée, lesquelles ne s’appuient sur aucune base assez solide pour leur donner un caractère d’authenticité.

Tout cela ne peut nous inspirer aucune confiance ; ce sont des histoires vagues, sans fondements précis, que leur mythomorphisme doit faire entrer dans la catégorie des fables qui nuancent les antiques traditions de tous les peuples. Il y a bien, je le sais, et l’on a pu l’entrevoir plus haut, un je ne sais quoi de probable, de vraisemblable, de conséquent même, dans l’idée de la venue des Phéniciens en Amérique ; mais la science ne se contente pas

  1. Cosmographie universelle.