Château de la Grand ville, 14 août 1847
Monsieur,
Vous me faites beaucoup trop d’honneur en me pressant de vous dire mon opinion sur l’origine des médailles gauloises. Quoi de plus difficile que les questions d’origine ? J’avais lu votre article dans la Revue numismatique, et j’y avais fait une grande attention. Toutefois je dois vous l’avouer : il ne m’avait point convaincu. J’ai demandé depuis longtemps l’ouvrage de M. Du Chalais ; mais mon libraire attend sans doute, pour me l’adresser, à compléter l’envoi qu’il me fait chaque année. Voilà donc un document récent qui me manque. J’ajouterai que nous n’avons point encore assez de termes de comparaison pour asseoir un jugement.
Que savons-nous des monnaies des anciens hindous, Égyptiens, Phéniciens, Assyriens, Persans, Étrusques ? Quoi des anciens Galates, Cimmériens, Thraces, Ligures, et des Gaulois de la Cisalpine ? Quoi des Germains ou Teutons ? On doit pourtant trouver beaucoup de monnaies gauloises dans cette partie de l’Italie que nos pères ont occupée 300 ans. À ce sujet je vous raconterai que je disais un jour à M. Ch. Lenormant que si j’étais plus jeune j’irais en Italie pour y étudier les Gaulois. Je lui dois cette justice, que je ne saurais rendre
