Aussitôt, le jeune homme éprouva un frémissement d’agréable surprise, dans un décor délicieux.
C’était un petit salon ovale, aux murs gris Trianon, tout en boiseries, sculptées jadis pour quelque compagne de Marie-Antoinette. Les fines guirlandes de fleurs, retenues par des nœuds légers, couraient autour des trumeaux avec une souplesse, une grâce, qui partout eût fait reconnaître leur époque charmante. Les dessus de portes, à la peinture un peu noircie, les glaces mystérieuses, pleines de reflets sous une patine glauque et blanchâtre, devaient dater du même temps.
Dans cette pièce ravissante, très peu de meubles — mais non moins précieux, non moins anciens que les boiseries, avec leur marqueterie claire et leurs bronzes ciselés. Les sièges étaient d’un aubusson à fond lavande. Le sol, d’un velours gris blanc, sur lequel était jeté un petit tapis de Perse en soie, dont la teinte rougeâtre, fanée par mille ans de prières, offrait, sous de pâles dessins, sa douceur miraculeuse. La cheminée s’ornait d’une mignonne pendule en marbre blanc sur le cadran de laquelle on lisait : Imbert l’aîné, à Paris, accompagnée de deux vases en ancien céladon fleuri de la Chine, avec ses anses, piédouche et collerette en bronze doré, du plus élégant Louis XVI.
Bien que Robert n’eût pas l’esprit particulièrement tourné vers les choses d’art, il possédait trop de sensibilité et de goût pour ne pas être séduit par la discrétion même avec laquelle se composait l’harmonie de ces choses rares et parfaites. Il observa que la beauté des boiseries ne s’alourdissait d’aucun autre ornement. Au milieu des deux plus grands panneaux, on voyait seulement, d’un côté, une sanguine de Fragonard, de l’autre un pastel de Chardin, suspendus par des rubans de soie, vieux bleu comme les rideaux. Et encore, ailleurs, deux petites appliques et un thermomètre du plus exquis travail, appartenant, comme le reste, à cette époque qui sut remplacer les lignes un peu trop contournées du style rocaille par le souple déroulement des rubans et des guirlandes.
Robert goûta un instant le plaisir de chercher dans