tracta. Nausée inévitable… Il lui fallait se voir dans les postures infâmes où la plaçait l’imagination du public. Hommage… insulte… Tout revient à une cinématographie de luxure pour la femme qui est jeune et qui est belle.
Doucement, elle prononça :
— « On prétend que je suis votre maîtresse. C’est cela que vous voulez me faire entendre ? »
Nauders prit avantage vivement, — malgré la flèche de feu que la seule supposition darda dans ses moelles :
— « Devenez ma femme, Jocelyne. Les vipères ne siffleront plus.
— Mon ami, mon ami !… Ne cherchez pas de tels arguments. Ils sont au-dessous de nous. Vous me compreniez mieux tout d’abord. Vous parliez de ma fierté, de ma blessure, de mon éloignement de la vie. Cela, c’est en moi. Cela, c’est moi. Vous touchiez juste. J’ai un cœur refermé, sauvage. Je ne crois pas à la joie, je ne crois pas à l’amour. Je n’y crois pas pour moi, vous entendez… pour moi.
— Mais le mien, Jocelyne ! Vous ne pouvez douter du mien. »
Elle répéta d’une voix très basse, expressive :
— « J’ai mal dit. Je n’y crois pas en moi. Je ne l’éprouverai plus.
— Quelle folie, mon enfant ! Vous ne savez pas comme on change, comme le cœur se renouvelle, de quelles cendres il ressuscite !…
— Pas mon cœur… pas mon cœur. »
Elle secouait doucement la tête. Les touffes blondes aux tempes bougèrent comme deux petits bouquets, dont le fin parfum, trop connu du banquier, lui arriva — tel celui des fruits fabuleux aux narines de Tantale.
Il insistait sur l’œuvre des années qui guérissent, sur l’évolution des sentiments, incompréhensible à la jeunesse. Et, soudain, il se sentit maladroit, en voyant se lever les yeux si frais, les yeux incrédules de cette jeunesse même. Il eut l’intuition de ce que pensait Jocelyne. Elle se disait :
« Le double de mon âge !… Le double de tout ce long,