Page:Lesueur - Nietzscheenne.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marches, le regardait partir. À quelques mètres de la maison, l’homme se retourna. Il eut une hésitation, parut sur le point de revenir. Mais la femme restée sur le seuil rentra précipitamment, et fit battre la porte comme décidée à ne la rouvrir jamais.

Le visiteur haussa les épaules et s’éloigna pour de bon.

Robert Clérieux, immobilisé par la stupeur, venait de reconnaître Eugène Sorbelin, le directeur de son usine, — celui-là même qui, la veille, le mettait en garde contre Jocelyne Monestier.




IV


— « Voilà… Je suis à vous » ; fit joyeusement Nauders, rouvrant, et cette fois toute grande ; la porte entre-bâillée tout à l’heure avec précaution devant Robert.

Celui-ci avait bien deviné quant à la personne, mais il faisait erreur en croyant Jocelyne installée — trouble, insoutenable image — dans la chambre à coucher de son pseudo-tuteur.

La pièce contiguë au cabinet de travail — la plus belle de l’étage par ses dimensions et sa position centrale, en façade — venait d’être convertie en galerie de tableaux, depuis que l’activité collectionneuse du financier avait couvert toutes les surfaces murales des salons, en bas.

La transformation était tellement récente que la plupart des toiles n’étaient pas encore accrochées, et que la nouvelle chambre à coucher, sur le. jardin, demeurait la proie des tapissiers. En attendant, Nauders passait les nuits sur un divan, dans son cabinet de toilette.

Clérieux ignorait ces détails, que nul, ce matin, n’avait eu le loisir de lui expliquer. Autrement, il eût trouvé fort naturel que Mlle Molestier, descendant de chez Huguette, attendît dans cette galerie, et n’attendît que