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— Et dans le mien,

— Quel rapport ?

— Je vous expliquerai.

— Mais… Nauders avait l’air de dire… je pensais que vous aviez besoin de mon concours… à cause de votre œuvre… des logements ouvriers.

— C’était le prétexte, pour nos amis. »

Un éclat de rire jaillit sous la portière, drapée dans son embrasse entre le salon et la loge. Huguette les observait.

— « Tu sais, Joce… Bob Clérieux est un homme marié. »

Robert, qui, presque avidement, se penchait vers son interlocutrice, eut un recul vif. Au grand jour, on l’eût vu rougir. Pour ce scrupuleux, une plaisanterie sur sa fidélité conjugale n’était jamais prise légèrement. Cependant la réflexion le rassura.

— « Tout le monde n’est pas flirt comme vous, belle Huguette.

— Est-ce qu’un jeune homme et une jeune fille peuvent échanger quatre mots sans flirter ? Voyons, Joce, qu’en penses-tu ? Sois franche. »

Jocelyne répondit gaiement, le ton changé, sans trace de la gravité impressionnante de tout à l’heure :

— « Mais alors, les Orientaux ont raison ! Et le capitaine de Gessenay devrait te garder sous les verrous.

— Le flirt », reprit Huguette, « n’a rien d’offensant pour les maris.

— Par exemple !… » fit une grosse voix. (Nauders rentrait.) « Il faudrait d’abord définir où il s’arrête, le flirt. Savez-vous comment la sagesse hindoue le comprenait ? » demanda le banquier.

— « Voyons ?

— Il est écrit dans les lois de Manou : « Sera réputée adultère toute femme restée seule avec un homme le temps de cuire un œuf. »

Trois jeunes éclats de rire accueillirent cette sentence. Ils fusèrent au milieu du silence soudain de la salle. Car le rideau se levait. Cent têtes se tournèrent vers la baignoire. D’un geste prompt, Robert éteignait l’électricité derrière eux. Ils reprirent leurs places, tout secoués de