Là, au fond, il serait très, bien. Si… si… il voyait parfaitement. Qu’on ne s’occupât pas de lui.
Les deux jeunes femmes avaient à peine tourné la tête. Huguette de Gessenay, la fille de Nauders, lui envoyait un bonsoir amical, tandis que Jocelyne Monestier, lui montrant à peine son profil, ramenait bien vite toute son attention vers la pièce.
Clérieux l’examina curieusement.
Ce qu’il voyait d’elle lui sembla peu banal. Rien pourtant de cette excentricité dont il se divertissait à l’avance. N’avait-il pas souvent raillé Huguette sur son fanatisme pour cette mystérieuse amie, et rabattu ferme des descriptions enthousiastes qu’il ne se souciait pas de contrôler ?
Pour être encore, à près de trente ans, mademoiselle Monestier, avec de la fortune, il fallait de sérieuses tares physiques. Car, pour les tares morales, Robert, bien qu’il ne les tolérât pas en ce qui l’approchait, savait de reste que cinquante mille francs de rente les font aisément oublier. L’hypothèse qu’une jeune fille se refuse de parti pris au mariage paraît inadmissible, surtout à un homme. Celui-ci pourtant convenait in petto que, si Mlle Jocelyne coiffait sainte Catherine, ce devait être parce qu’elle le voulait bien.
Du coin d’ombre où il méditait, à cent lieues d’écouter ce qui se disait sur la scène, il détaillait l’élégance d’un buste souple s’amincissant en une taille étroite et ronde, et cette grâce si séduisante d’un joli dos, sans saillie d’épaules ni cambrure exagérée, ni raideur d’acier, de baleines. S’il y avait un corset sous la mousseline de soie incrustée de venise, il devait gainer très librement ce corps flexible.
Clérieux goûtait l’espèce de charme vague, l’attraction indéfinissable de cette élégante créature, dont il ne connaissait pas le visage. Ses yeux, accoutumés maintenant à la pénombre de la baignoire, parcouraient tout ce qu’ils pouvaient saisir, aidés par l’attitude de Jocelyne, qui se détachait de sa chaise, penchée en avant, soulevant sa lorgnette d’une main.
Le cou, très long, donnait de la fierté à la tête. De la