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appartiendra jamais. Comment d’ailleurs un peuple pourrait-il être à la hauteur de l’intellectualité de Gœthe ? Tout comme Beethoven fit de la musique en passant sur la tête des Allemands, tout comme Schopenhauer philosopha au-dessus des Allemands, Gœthe écrivit son Tasse, son Iphigénie au- dessus des Allemands.

Le malheur des littérature allemande et française des cent dernières années, vient de ce que les Allemands sont sortis trop tôt de l’école des Français, et que, plus tard, les Français sont allés trop tôt à l’école des Allemands.

Aucun des peuples civilisés actuels n’a une aussi mauvaise prose que le peuple allemand. Et si des Français spirituels et délicats disent : « Il n’y a pas de prose allemande », il ne faudrait pas s’en formaliser, vu que cela est dit avec des intentions plus aimables que nous ne le méritons.

(Le Voyageur et son Ombre, p. 105, 282.)

La raide balourdise du geste intellectuel, la main lourde au toucher, — cela est allemand à un tel point qu’à l’étranger on le confond avec l’esprit allemand en général. L’Allemand n’a pas de doigté pour les nuances… Le fait que les Allemands ont pu supporter . seulement leurs philosophes, avant tout ce cul-de-jatte des idées, le plus rabougri qu’il y ait jamais eu, le grand Kant, donne une bien petite idée de l’élégance allemande.

On me demande souvent pourquoi j’écris en allemand ; car nulle part je ne serai plus mal lu que dans ma patrie. Mais enfin, qui sait si je désire être lu aujourd’hui ?

Ce que les écoles supérieures allemandes atteignent en effet, c’est un dressage brutal pour rendre utilisable, exploitable pour le service de l’État, une légion de jeunes gens.