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s’endormira ce soir plus paisiblement que sa cousine, la riche héritière. »

Ce fut comme un sentiment de revanche contre cette fortune de la branche aînée, qui mettait un tel contraste entre les destinées des deux jeunes filles.

Lorsque Marc entra dans les salons, il les aperçut tout de suite l’une et l’autre qui, au milieu d’un cercle de robes vaporeuses et d’habits noirs, exécutaient un menuet.

Un grand nombre de couples s’étaient arrêtés pour regarder les pas et les figures de cette danse, que rythmait en sourdine un seul violon, tandis que, dans la grande galerie, l’orchestre continuait à jouer des valses.

Micheline de Valcor et Françoise de Plesguen étaient toutes deux d’une grâce délicieuse. Mais, à cet instant, la première, quoique généralement plus admirée que sa cousine, ne soulevait pas, comme celle-ci, à chaque évolution, des murmures charmés.

C’est que Micheline, à l’étonnement de tous, glissait en mesure avec raideur et distraction, sans les mines et les sourires que réclame cette danse coquette, où Françoise faisait merveille.

La fille du marquis était très pâle. On la crut même soudainement souffrante. Seul, Marc de Plesguen devinait l’angoisse de ce jeune cœur. Elle avait vu Hervé de Ferneuse quitter le bal sur un mot murmuré par un valet, tandis qu’elle-même, valsant avec un autre cavalier, ne pouvait recevoir de lui une explication ou un adieu. Aussitôt après, s’échappant dans un vestibule pour tâcher de savoir ce qui se passait, elle avait