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gards furtifs et aigus, comme si la connaissance de son caractère lui eût importé plus qu’il n’eût voulu le laisser voir.

Ces deux hommes, que réunissait un hasard de la courtoisie mondaine, avaient eu, jusqu’à ce soir, peu de rapports l’un avec l’autre. Marc ne voyait en José Escaldas qu’un employé, presque une espèce de parasite, de son cousin. Depuis que le marquis avait ramené ce personnage en Europe, au retour d’une de ses premières explorations, Escaldas restait attaché à sa fortune, sans qu’on distinguât clairement à quel titre, ni quels services il pouvait rendre à son tolérant patron.

Jamais M. de Plesguen n’avait sympathisé avec le métis espagnol. Toutefois, cette froideur avait dégénéré en méfiance depuis qu’Escaldas, après avoir occupé pendant deux années une place de directeur à la tête d’une des fabriques de caoutchouc établies par Renaud sur ses territoires américains, était revenu précipitamment en Europe.

Ce retour, effectué en apparence pour des raisons de santé, marquait un changement dans les façons du Bolivien. Marc se demandait comment Renaud ne s’inquiétait pas de ce changement, et pouvait continuer à faire son commensal et presque son homme de confiance d’un si douteux individu.

En ce moment même, la nuance de sarcasme que prenait la voix d’Escaldas pour parler de son bienfaiteur, et ce que l’ombre laissait apercevoir d’insistant et d’aigu dans ses yeux vifs comme deux perles de jais, éclairant sa maigre