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meure comme le roi des territoires les plus étendus possédés par un particulier — cette Valcorie, cédée par le Brésil, la Bolivie et le Pérou, fort en peine de délimiter leurs États dans cette région jusque-là inexplorée. Je n’ai pourtant rien à vous apprendre, monsieur Escaldas, sur la personne ou la carrière de mon cousin, puisque vous avez été directeur d’une de ses caoutchouteries du Haut-Amazone, et que vous le seriez encore, si votre santé… »

Un étrange sourire, plutôt deviné que réellement vu dans la pénombre, figea soudain cette éloquence.

Marc de Plesguen, — qu’on appelait parfois, pour le flatter, M. de Valcor-Plesguen, bien qu’il fût cousin du marquis seulement au second degré, et par les femmes, sans avoir aucun droit au nom, — venait d’éprouver le frisson d’inquiète antipathie qui, depuis quelque temps, le secouait devant certaines expressions et certaines attitudes de José Escaldas.

Tous deux s’étaient installés, pour savourer les fins cigares de leur hôte, sur des sièges de jardin, au bord de la pelouse fleurie de corolles électriques.

C’était une des surprises de la fête de nuit, cet épanouissement d’une floraison versicolore et lumineuse parmi les massifs, les corbeilles, les gazons, et même dans les feuillages des hauts arbres les plus voisins de l’admirable demeure.

Au delà de cette zone féerique, le parc s’étendait, nocturne, immense et solitaire. D’un côté, il aboutissait à une terrasse monumentale, longue d’un demi-kilomètre, en face de laquelle