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à force d’aimer

Le lendemain, elle l’adorait.

Déjà Hélène pouvait prévoir le terme de ses forces. Elle prenait, pour sauver à ses propres yeux l’humiliation de sa défaite, des résolutions extraordinaires. « Je lui appartiendrai une seule fois, » pensait-elle en frissonnant d’ivresse et d’angoisse, « puis je me tuerai après. »

Elle était surtout sensible à ce raisonnement du jeune homme :

— « Vous ne voulez pas faire pour moi ce que vous avez fait pour un autre. Donc vous ne m’aimez pas comme vous avez aimé le père de René. »

« Je lui prouverai que je l’aime davantage, » se disait-elle, « puisque j’en mourrai. Oui, je quitterai la vie, j’abandonnerai mon enfant, pour passer une heure dans les bras d’Horace. Car je ne puis me résoudre à vivre sa maîtresse, à jouer la comédie devant mon fils, et à mentir à tous pour conserver mon gagne-pain. »

L’espoir d’un mariage possible par la suite ne pouvait lui rester malgré les demi-engagements que prenait Horace. « De quelles ironies, » pensait-elle, « ne me ferait-il pas payer le sacrifice de son orgueil et de son indépendance ! »

Un jour, Hélène dit à Mme Giraudet :

— « S’il m’arrivait un malheur, je suis sûre que mon fils trouverait en vous une seconde