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à force d’aimer

formée en brick de guerre par une voilure en papier.

Aussi avait-il été bien heureux, pendant quelques jours, lorsque, à ses heures de récréation, il venait au parc Monceau retrouver Huguette et Germaine. Sa tante, Mlle Hélène Marinval, qui tenait un cours de jeunes enfants, dans un rez-de-chaussée du boulevard de Courcelles, se mettait à la fenêtre pour le regarder traverser la chaussée, et l’envoyait courir tout seul parmi les verdures. Elle était toujours retenue chez elle par une répétition ou des devoirs à corriger ; sa femme de ménage ne venait qu’un petit nombre d’heures par jour ; elle devait donc se fier au caractère docile et raisonnable de René, si elle voulait qu’il eût sa dose de mouvement et de grand air. Le petit était si sage qu’un accident n’était guère à craindre. D’ailleurs, ne fallait-il pas — pauvre enfant ! — qu’il apprît de bonne heure à ne compter que sur lui-même ?…

C’était grâce à une maladresse que René Marinval avait fait la connaissance de Huguette et de Germaine. N’avait-il pas, un beau jour, envoyé, sans le faire exprès, son ballon sur les genoux de Fräùlein ! Du coup elle avait rebondi sur son banc, comme si le siège en bois fut devenu un sommier Tucker, tandis que le volume qu’elle lisait allait s’aplatir dans le sable. Les deux fillettes, qui sautaient à la corde à côté d’elle,