Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
à force d’aimer

ser dans ses regards et ses paroles que de timides approbations. Quand celle-ci voulait obtenir un appui plus motivé, elle en appelait à « madame » Marinval. Le bon sens d’Hélène suppléait parfois heureusement la supériorité de l’intelligence et l’éducation scientifique.

Ce soir-là, on avait laissé de côté la philosophie et le socialisme pour traiter une question de sentiment. Un crime passionnel venait d’émouvoir Clermont. Le second mari d’une femme divorcée avait tué le premier, sous l’impulsion d’une jalousie invincible et sans l’excuse d’aucun flagrant délit. Il avait profité de la plus futile apparence pour supprimer son prédécesseur.

— « Moi, » dit Horace, « je le comprends. J’espère qu’il sera acquitté. »

Le professeur accompagna cette phrase du sourire d’ironie dont il soulignait, les dénigrant lui-même, ses opinions sentimentales.

— « Nous n’en croyons rien, » dit Mme Giraudet. « Vous êtes en train de vous moquer de nous, comme cela vous arrive souvent.

— Oh ! » s’écria-t-il avec une protestation exagérée dont la malicieuse hypocrisie souleva le rire des jeunes femmes, « je ne me permettrais pas… C’est de moi que je me moque, parce que, sur cette question-là, je ne saurais parler que d’une façon absurde. La jalousie, même rétrospective, est une maladie à laquelle je me crois sujet. Mais