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à force d’aimer

« Ah ! » pensait un jour Hélène, en les regardant l’un à côté de l’autre, « si celui-là était son père ! »

Violemment, elle tressaillit… Car elle venait pour la première fois d’entrevoir que cette chimère était réalisable.

Alors l’idée qu’elle pouvait aimer encore, se donner encore, la troubla. Jamais elle n’y avait songé d’une façon précise, avec, dans sa pensée, une image d’homme autre que celle d’Édouard Vallery. Des gestes, des mots d’amour, lui revinrent… Elle se figura qu’elle les échangeait avec celui-ci… Et tout à coup, son cœur battit, une ardeur lui monta au visage. Elle se leva et sortit de la chambre, où, derrière elle, paisiblement, la leçon continua.

Maintenant, lorsque Hélène regardait Horace, une gêne lui venait de ressentir trop vivement l’impression de cette beauté mâle. Autrefois cela restait une constatation de la pensée lointaine. Désormais c’était une émotion vaguement consciente du regard et des sens. Elle ne trouvait plus tout simple de rester longtemps assise dans la même chambre que lui, soit avec René entre eux, soit dans le tête-à-tête, quand l’enfant courait chercher un cahier ou un livre oublié.

Puis elle craignit qu’on ne parlât d’eux dans Clermont.

Mais, par-dessus tout cela, une assurance très