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à force d’aimer

Elle le regarda bien en face, une main sur l’épaule de son fils.

— « Dites le contraire à cet enfant.

— Pourquoi lui révéler des secrets qui ne sont pas de son âge ?

— Il en souffrira moins à son âge que plus tard. D’ailleurs, monsieur, que vous importe ce que je dis ou ce que je ne dis pas à René Marinval ? J’ai appris à cet enfant qu’on n’accepte de l’argent de personne, sauf de ses parents. Vous lui donnez cinquante mille francs qui le dégraderaient s’il ne savait de qui il les tient.

— Je ne veux pas de son argent ! » s’écria le petit garçon.

— « Je suis forcée de l’accepter pour toi, » dit Hélène. « Je n’ai pas le droit de te priver du nécessaire pour satisfaire ma propre fierté.

— Vous regretterez ce que vous avez fait ce soir, Hélène, » prononça Édouard Vallery, du ton d’un homme dont on méconnaît les bonnes intentions et que l’on traite avec la plus dure injustice. « Oui, vous le regretterez. Vous croyez jouer le beau rôle. Cependant je suis plus généreux que vous. Car je n’aurai pas à l’égard de cet innocent votre imprudente, votre inconvenante franchise. »

Elle tourna vers lui l’interrogation stupéfaite de son regard.

– « Oui, que diriez-vous, si, à mon tour, je lui apprenais qui est sa mère ?