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à force d’aimer

certaines révélations. Cependant tout ce que la loi française pouvait atteindre de son immense fortune avait été mis sous séquestre. Il lui en restait encore assez pour mener une existence de grand seigneur et rétribuer avec largesse les diagnostics obligeants des médecins.

Pas plus dans la villa du Devonshire que dans l’hôtel de l’avenue d’Antin, René ne consentit à voir son père. Le jeune homme ne mit pas même les pieds dans la maison. Son rendez-vous avec les jeunes filles, qui, toutes deux, vivaient dans cette demeure triste, sous la direction de Mlle Bjorklund, eut lieu dans le bois de pins. Quel décor mélancolique, bien approprié à cette rencontre de trois cœurs naïfs, tout enflammés d’amour, tout meurtris de désillusions !

À peine avaient-ils commencé à se dire de ces choses intimes, que leur correspondance, régulièrement entretenue depuis six mois, ne pouvait exprimer, qu’un domestique vint prier Mlle Vallery de se rendre auprès de son père.

Sans un mot ou un geste d’impatience, elle s’éloigna, toujours enfantine et gracieuse, mais le teint pâli, les yeux douloureux, la démarche languissante.

— « Pauvre Huguette ! » murmura Germaine, « si cela continue, elle sera bientôt plus malade que son père.

— Oh ! ce ne sera pas bien sérieux pour