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à force d’aimer

— « Maintenant apprenez-moi ce que vous avez à m’apprendre. »

Il commença.

Le récit était plus difficile qu’il n’aurait cru. À peine avait-il évolué dans les eaux mortes des circonlocutions préalables, et allait-il voguer avec une assurance relative, qu’il s’arrêta net, contrarié, stupéfait.

Deux personnes, au coin le plus proche du labyrinthe, surgissaient brusquement de la verte muraille.

C’était Huguette, accompagnée par Mlle Bjorklund.

Elles s’avancèrent vers Germaine, qui, dans son étonnement, demeurait immobile.

— « Ma chérie… » commença Huguette.

Ni Mlle Vallery, ni sa gouvernante, ne semblaient attentives à la présence de René. Toutes deux concentraient sur Germaine des regards pleins d’un apitoiement navré. Elles paraissaient près de fondre en larmes. Le jeune homme les vit si pâles, si bouleversées, qu’une épouvante le saisit. Quel malheur allait donc frapper celle qu’il aimait ?

Oh ! comme elle avait peur, elle aussi, la pauvre petite… Toute blanche, toute droite, les yeux agrandis, elle regardait tantôt la Suédoise, tantôt son amie. Personne ne parlait. Il y eut quelques secondes d’une anxiété sans nom.