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à force d’aimer

était parti en voyage précipitamment. Où ?… je n’en sais rien. Son secrétaire m’a seulement dit que nous aurions une dépêche ce soir.

« Que se passe-t-il donc ? Je tremble d’inquiétude. Jamais mon père ne s’absentait, même pour un jour, sans venir m’embrasser.

« Vous voyez, cher René, que votre fraternelle affection est plus nécessaire que jamais à celle qui se dit pour toujours

« Votre sœur affectionnée.
« Huguette Vallery. »

René éprouva quelque surprise de cette lettre, mais il était trop ému à la pensée de revoir Germaine et trop préoccupé de ce qu’il lui dirait, pour attacher beaucoup d’importance même à un fait qui, dans tout autre moment, lui eût paru significatif.

La résolution qu’il avait prise de mettre Mlle de Percenay au courant de sa situation était absolue. Il irait jusqu’à lui confier — en termes atténués toutefois — qu’une menace de déshonneur et de ruine planait sur la tête de M. Vallery. Cependant il l’attribuerait exclusivement à des rancunes politiques. Ses révélations s’arrêteraient aussi là où il faudrait évoquer les responsabilités de M. de Percenay. Sur le compte du père, il serait muet vis-à-vis de la fille. Mais n’en saurait-elle pas assez