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à force d’aimer

révolté peut-être en secret, mais fier et pur, que de le voir perdu moralement, enchaîné par les bras d’une femme, ébranlé par d’inévitables influences et corrompu par le contact de l’or.

Tandis qu’il s’enfonçait dans ces réflexions, dont les plus consolantes ne lui apportaient encore que de la tristesse et du doute, René écrivait à Huguette :

« Ma chère sœur,

« Avez-vous toujours à votre disposition la clef de cette petite porte qui s’est ouverte et refermée pour moi sur le seul bonheur que j’aurai jamais connu ?

« Pouvez-vous m’accueillir une seconde fois, la dernière !… et Mademoiselle de Percenay m’accordera-t-elle la grâce d’un moment d’entretien ?

« Si je demande ce rendez-vous secret, alors que votre père et le sien seraient disposés à me recevoir ouvertement, c’est que je veux rendre Mademoiselle Germaine juge de mon attitude à leur égard, et parce que je suis persuadé que, dans leur intérêt même, elle me conseillera d’y persister.

« Le caractère si élevé, le jugement si ferme de votre adorable amie, m’encouragent à lui exposer les motifs, d’une gravité exceptionnelle, qui dirigent ma conduite.