Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
à force d’aimer

guère une tentation charnelle, ni de cet amant, consolé maintes fois d’autre part, ni d’elle-même, si bien guérie.

C’était donc quelque nécessité d’ambition qui mettait dans la bouche d’Édouard des paroles de conciliation et d’inattendue générosité. Qu’allait-il lui demander finalement ? Si disparue de sa vie qu’elle se trouvât, avec leur enfant, peut-être le gênait-elle encore ?

Tout absorbée par le besoin de le deviner plus que par celui de l’écouter, elle avait un peu perdu le fil des raisonnements dans lesquels lui-même s’embrouillait. Soudain, une phrase plus nette surgit, qui la fit sursauter de surprise indignée. Car Édouard Vallery disait :

— « Ce n’était pas digne de vous, de votre caractère, cette façon de nous braver, ma femme et moi, en imposant la camaraderie de René à notre petite Huguette. Vous, d’ordinaire si délicate… »

Elle bondit tout debout, agressive cette fois, avec un mouvement de griffes en avant, comme une chatte dont on veut toucher les petits.

— « Ah ! c’est bien ce que je croyais… C’est votre femme, n’est-ce pas ? qui a osé brutaliser mon fils !…

— Brutaliser… Oh ! non… Mais avouez qu’il y avait provocation de votre part.

— C’est faux !… Le hasard a tout fait. Et si ces enfants ont joué ensemble, quel mal y a-t-il ? Ne