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à force d’aimer

Le nom qu’elle jeta — ce nom bientôt déshonoré, dont il n’accepterait pas la souillure — fit trouver au jeune homme la force de repousser la suprême tentation.

— « Je m’appelle René Marinval, » dit-il durement. « Je ne serai jamais René Vallery ! »

Dans sa tête, bourdonnante d’idées, son orgueil maintenant criait :

« Je conquerrai Germaine tout en gardant le nom de ma mère. Elle pense à moi… Elle m’aime déjà peut-être… Elle m’aimerait… grands dieux !… »

Dans son exaltation, il ne s’était pas rendu compte de la hauteur presque brutale qu’il avait mise à déclarer :

— « Je ne serai jamais René Vallery ! »

Il fut donc stupéfait lorsque sa sœur se leva, le sourire éteint, et dit avec des lèvres convulsives :

— « Alors je suis perdue… »

Les yeux pleins de larmes, elle se détournait comme pour sortir.

Il s’élança vers elle, il la supplia d’expliquer cette parole, prononcée si profondément, d’un accent si désespéré. Elle, perdue ?… Que voulait-elle dire ? Si elle s’était inquiétée pour son père, René aurait trop bien compris, et, rendu de nouveau attentif au but intéressé de la démarche, il se fût raidi et glacé. Mais cette touchante Huguette gémissait sur elle-même… Serait-elle donc la première vic-