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à force d’aimer

— Pouvez-vous, » demanda encore Marinval, « me nommer l’homme qui fait marché d’un pareil secret ?

— Non, mon cher ami, je n’en ai pas le droit.

— Que veut-il ?… De l’argent ? »

Fortier fit un geste d’ignorance et d’indifférence.

René réfléchit un instant, puis ajouta :

— « Cela m’étonnerait beaucoup qu’il ne voulût que de l’argent. On lui en aurait donné. De quel prix ne paierait-on pas — puisqu’on le peut — l’arme terrible qu’il détient ?… Ne serait ce pas plutôt une vengeance ?

— « Non, » dit Horace. « Il m’aurait livré le papier tout de suite.

— Quel autre drame se cache encore sous cette démarche abominable ? » murmura le jeune homme.

Il allait bientôt le savoir.

Le lendemain matin, comme il travaillait dans sa chambre de la rue Montaigne, — Horace étant au journal, — la bonne vint lui dire qu’une dame demandait à lui parler.

— « Une dame ? » répéta René tout surpris.

Dans sa vie de labeur intellectuel et de passion sans espoir, la femme réelle et charnelle tenait si peu de place que l’annonce d’une visiteuse le laissa stupéfait.