Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
à force d’aimer

l’avaient vu, elles lui avaient parlé… Quels sentiments s’étaient éveillés dans leurs cœurs ? Ne serait-ce pas leur intervention qui lui ramenait son père ?

Son père ?… Mais il ne l’était pas ! Il ne l’avait jamais été !… D’ailleurs il ne pouvait plus l’être, puisqu’un serment prévalait contre le lien du sang, et que la volonté d’une morte anéantissait l’œuvre de la chair. Le vrai père de René, n’était-ce pas cet Horace, qui lui avait donné plus que la vie : la sollicitude, l’affection forte et profonde, l’éducation virile, et la conviction créatrice ?

Le moindre rapprochement avec Édouard Vallery constituait un commencement de trahison envers la mère qui s’était dévouée à son enfance et le maître qui l’avait fait homme.

René ne montra pas le billet à Horace.

Il n’y fit aucune réponse.

Deux jours après, — car la situation devenait pressante pour le financier, — le jeune rédacteur de l’Avenir social reçut un message plus étendu.

« Monsieur,

« Si vous me considériez comme un étranger, vous auriez répondu, fût-ce par une défaite, à mon invitation d’avant-hier.

« Votre silence me prouve que vous savez ce que nous sommes l’un pour l’autre, mais que vous