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à force d’aimer

trons le prix. Eh bien, si Marinval est ton fils, tu obtiendras de lui les papiers de Chanceuil.

— Ah ! » ricana Vallery, « tu crois qu’il m’aime et qu’il m’est dévoué, ce garçon que j’ai écarté de ma vie, dont peut-être j’ai fait mourir la mère… Car elle s’est tuée, à ce qu’on m’a dit… Oses-tu penser qu’il ne me hait pas ? »

Le ministre haussa les épaules.

— « Tu divagues, mon cher. Que viennent faire ici la haine et l’amour ? Sont-ce les leviers avec lesquels on dévie la volonté des hommes ? Y en a-t-il d’autres que l’intérêt ?

— Ce garçon est très fier, paraît-il, » prononça Vallery

— « Raison de plus. Oui, il est fier, et, de plus, voluptueux et ambitieux. Tu aurais dû le voir, quand je l’ai amené dans cette loge !… Il était pâle d’émotion ; ses yeux étincelaient devant l’élégance et la beauté de nos filles. Ce qui l’a lancé dans le socialisme, c’est, comme tant d’autres, la disproportion de ses besoins sans bornes avec la médiocrité de sa vie… Mais d’un mot nous pouvons l’amener à nous, plus plat et plus docile que ce misérable Chanceuil ne l’était lui-même jadis, et dévoué… même jusqu’à voler pour nous les documents dans le coffre-fort de son patron Horace Fortier, — à supposer que ce soit à Fortier qu’on les porte tout d’abord.

— Et de quel prix acheter une conversion pa-