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à force d’aimer

du même coup. Et c’est cela que vous me reprochez !…

— Que ne restiez-vous libre ? » reprit Hélène. « J’aurais consenti à vivre près de vous, dans l’ombre. Je n’aurais jamais réclamé votre nom, ni pour moi, ni pour mon fils. Et cependant — vous ne le nierez pas — nous le méritions tous les deux.

— Il n’est pas question de mérite… Vous êtes au-dessus de pareils raisonnements, Hélène. Mais la société marche… L’union libre n’a plus rien de déshonorant. Et le mariage n’est qu’un contrat d’affaires.

— Est-ce là ce que vous dites à votre femme ? Lui auriez-vous fait accepter la combinaison que vous méditiez ?

— Eh ! ma chère, » dit brutalement Édouard, « la vie est la vie. Je ne pouvais sacrifier tout mon avenir. Si le banquier Lafond m’a offert sa fille, à moi qui n’étais que son employé, c’est que mon instinct des affaires m’avait permis de lui donner une idée qui, à un moment, fut le salut de sa maison compromise. Il se douta de ce qu’elle deviendrait entre mes mains, cette maison. Parbleu, elle est en train de se classer parmi les premières du monde. Vous ne savez pas quelle entreprise importante, nationale, – oh ! je peux dire : européenne, – va être lancée par moi… Oui, par moi, l’ancien petit sous-caissier que vous avez connu !… »