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à force d’aimer

— « Je vous en prie, n’est-ce pas, mademoiselle, vous insisterez auprès de nos papas pour qu’ils vous permettent de nous conduire à cette représentation !…

— Mais, » disait la gouvernante, « sera-ce convenable pour des jeunes filles ? Les Français confondent souvent la hardiesse dans les idées avec le cynisme dans les mœurs. Une pièce interdite par la censure comme celle de ce jeune socialiste…

— Oh ! elle n’est interdite que pour des raisons politiques.

— Si ces messieurs vous autorisent à y assister, ils vous y mèneront eux-mêmes.

— Non. Papa prétend que ce sont des élucubrations de détraqués ; que, lorsqu’il va au théâtre, c’est pour se distraire, pas pour subir des tartines philosophiques. Quant à M. Vallery, vous savez bien qu’il ne veut pas entendre parler de l’auteur. Je pense que ce M. René Marinval l’aura attaqué dans les journaux. Il déclare que c’est un galopin, bon à enfermer dans une maison de correction.

— Oh ! d’ailleurs, » fit observer la Suédoise, « le Théâtre-Indépendant n’intéresse guère M. Vallery. Je ne sais pas pourquoi il garde la location d’une des premières loges. »

Germaine sourit.

— « Et le chic ?… » dit-elle.