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à force d’aimer

tonne… Elle est chez nous depuis dix ans, depuis la mort de ma pauvre mère. Elle m’a élevée… Germaine aussi… Car Germaine, voyez-vous, n’écoute personne d’autre qu’elle. Toutes les gouvernantes que M. de Percenay a données à sa fille n’ont servi qu’à la chaperonner chaque jour jusqu’ici. Nos leçons, nous les prenons ensemble…

-Qu’est-ce qu’elle vous enseigne, cette demoiselle, outre la prononciation de son nom — qui doit être une étude laborieuse ?

— Ce qu’elle nous enseigne ?… Tout. Oh ! c’est-à-dire… pas tout ce qu’elle sait… Nous serions trop sottes pour en apprendre aussi long.

— Diable !… c’est donc un puits, un abîme de science ?

— Elle sait cinq ou six langues, avec toutes leurs littératures… Et l’histoire !… C’est extraordinaire ! Les livres ne parlent pas aussi bien qu’elle, parce qu’ils racontent les événements sans les expliquer. Mais Mlle Bjorklund nous montre comment les peuples font leur destinée, en dehors même des circonstances, par leurs qualités, leurs défauts, leurs passions, tout comme les individus… Puis elle nous dit un tas de choses admirables sur nous, sur le temps où nous vivons, sur la façon dont nous devons comprendre le bonheur et essayer de le donner aux autres… Car elle assure que nous… oui, même des petites jeunes