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à force d’aimer

Après une pause, avec des voix qui tremblaient, on se demanda :

— « Et l’enfant ?

— Je suis sa marraine, » déclara la doctoresse, « et mon mari est son parrain. Nous sommes disposés à le recueillir, à l’élever.

— Madame, » dit Horace, « réfléchissez que René ne peut rester à Clermont. Sa présence provoquerait, autour de lui, la condensation et la perpétuité d’une légende, qui, s’il s’éloigne, ne se formera même pas. On oubliera bien vite ici sa pauvre mère, pourvu que lui-même disparaisse. Vous ne voulez pas multiplier dans son cœur et dans sa vie les conséquences du malheur qui le frappe ?

— Nous trouverons peut-être un testament d’Hélène, où elle indique son désir à ce sujet.

— Elle vous l’aurait dit dans sa lettre. Non, madame… J’ai mes raisons pour croire que notre malheureuse amie n’a nulle part exprimé plus clairement qu’à vous-même, dans ce dernier mot, ce qu’elle souhaitait. N’y joint-elle pas mon nom à celui de son enfant d’une façon un peu spéciale ? Je pense accomplir son vœu le plus cher — un vœu que la contrainte des circonstances et son extrême délicatesse l’ont empêchée de formuler — en réclamant pour moi la tutelle de son fils. René a douze ans. Les soins d’une femme ne lui sont plus nécessaires. Je le mettrai comme interne