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à force d’aimer

Tout à coup le regard d’Horace prit cet atroce reflet d’ironie auquel la pauvre femme eût préféré toutes les flammes de la fureur. À brûle-pourpoint le jeune homme demanda :

— « Étiez-vous avertie depuis longtemps que M. Vallery devait venir à Clermont ? »

Elle balbutia, terrifiée :

— « M. Vallery ?… à Clermont ?…

— Vous ne le saviez pas ?…

— Comment pouvez-vous croire ?… »

Elle se sentait rougir et pâlir, se figurait qu’elle avait l’air d’une coupable, ne savait comment se défendre, perdait la tête.

— « Oui, » disait Horace avec sa voix froidement rageuse. « Il est descendu à l’hôtel de l’Europe. Je l’ai appris par hasard. Car le futur grand homme voyage incognito. Vous allez sans doute recevoir sa visite.

— Sait-il seulement que j’habite cette ville ?… » murmura Hélène.

— « On sait toujours ces choses-là.

— Mais il ne peut venir pour moi… ni pour… l’enfant. Il nous a éloignés exprès. Car il doit sa position à sa femme… Elle ne lui pardonnerait pas…

— Sa femme ?… Mais vous ne lisez donc pas les journaux, ma chère amie ? Vous ignorez ce scandale ?… Sa femme !… Elle s’est sauvée avec un amant. Elle a voulu le forcer à réclamer le divorce.