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à force d’aimer

aucun malentendu, puisque vous allez devenir ma femme. Tout d’abord, vous allez m’apprendre le nom de cet homme. Autrement, quand nous serons mariés, je le verrai dans tous ceux qui vous approcheront. D’ailleurs, » ajouta-t-il en appuyant sur les mots et comme s’il sous-entendait des raisons plus graves, « il faut que je le connaisse.

— Pourquoi ? Allez jusqu’au bout de votre pensée, » demanda-t-elle d’une voix tremblante.

— « Je dois être à même de vous protéger contre lui, contre votre fils… » (il hésita), « contre vous-même.

— Oh !…

— Ma chère amie, quand un lien pareil existe entre une femme et son premier amant, la plus loyale, la plus sincère ne peut pas répondre de ce qu’elle fera un jour.

— Horace, je vous aime assez follement pour supporter de vous des raisonnements pareils plutôt que vous rendre votre parole. Mais réfléchissez… Est-ce juste ?… Où est la nécessité de me torturer comme vous le faites ?

— Le nom de cet homme ? »

Il y eut un silence. Elle attendait qu’il insistât. M. Fortier ne répéta pas sa question. Mais il posa sur Hélène un regard fixe et impérieux, plus durement inquisiteur qu’une menace.

Ne pouvant le soutenir, elle baissa les yeux et murmura :