Page:Lessing - Fables, trad. Grétry, 1811.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE I. 25 A ma poitrine aussi donnant plus de largeur,

Tu doublerais ma force ; et puisque je suis digne

De porter l’homme et d’être admis à ses travaux ,

Tu pourrais, au lieu de la selle

Qu’une main bienfaisante attache sur mon dos,

M’en former une naturelle.

Attends, lui dit le dieu, d’un ton plein de grandeur.

Alors sa bouche paternelle

Prononce le mot créateur :

Soudain le principe de vie

Jaillit dans le sein du limon ,

Qui va prendre une forme, un nom ;

La matière se vivifie,

Des membres sont unis.... Quel spectacle nouveau !

Ils se lèvent, on voit.... le monstrueux chameau !

Le cheval a frémi : Vois ce que tu demandes.

Dit Jupiter , avec sévérité ;

Vois les attraits dont ton cœur est flatté ;

Voilà le col plus long et les jambes plus grandes,

La poitrine plus large et la selle ; en un mot ,

Si tu le veux, mon pouvoir aussitôt

Te fera ressembler à cette créature.