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les bastonnais

— Quand retournes-tu à Québec, dit-elle vivement ?

— Immédiatement et notre père m’accompagne.

— J’irai, moi aussi. Je veux voir ces Américains de mes yeux. Après cela, je te dirai si je pense que tu doives rester au séminaire ou non. Descends pendant que je m’apprête.

Quand Zulma fut seule, elle eut bientôt fait de se préparer au voyage. Toute sa langueur avait disparu. La paresseuse rêverie à laquelle elle s’était laissée aller pendant les heures précédentes avait fait place en elle à une activité fébrile. Ses doigts étaient adroits et expéditifs dans l’arrangement de sa toilette. En moins d’un quart d’heure, elle se plaça devant son miroir pour le dernier et indispensable coup d’œil féminin. Quelle magnifique image elle vit s’y refléter ! Dans sa robe de velours bleu ciel avec une pelisse d’hermine immaculée et un capuchon de même fourrure capitonné de soie bleue, sa jolie figure et sa taille de reine produisaient le plus ravissant effet.

Elle mit ses chauds gants de fourrure et descendit pour rejoindre son père et son frère. Un instant plus tard, tous trois s’avançaient au grand trot d’un excellent cheval, dans la direction de Québec.



II
attachée mais libre.

La Pointe-aux-Trembles, près de laquelle étaient si­tués le manoir et le domaine de la famille Sarpy, est à un peu plus de vingt milles au-dessus de Qué­bec, sur la rive nord du Saint-Laurent.

La route qui la relie à la ville suit assez régulièrement la ligne sinueuse de la rivière. Le traîneau portant le sieur Sarpy sa fille Zulma et son fils Eugène, avait couru rapi-