Beaux pour la plupart, de manières exquises, mondains dans
le sens élevé du mot, ces messieurs représentaient une race qui
avait transplanté
les usages
raffinés des
cours du vieux
monde dans les
sauvages contrées
du nouveau
continent ;
race d’autant
plus intéressante,
qu’elle n’a
pas survécu au
delà de la seconde
génération
après la
conquête et
qu’on n’en retrouve
plus que de rares spécimens parmi les débris des anciennes
familles seigneuriales aux environs de Québec.
La compagnie fut bientôt introduite dans la salle du banquet brillamment illuminée de bougies de cire. Une table ronde occupant le milieu de la salle était chargée d’un trésor de vaisselle plate et de cristaux. Il y avait vingt-quatre sièges et un convive pour chaque siège.
Inutile d’entrer dans les détails du festin. Il suffit de dire qu’il fut vraiment joyeux, animé qu’il était par les mets succulents, les vins capiteux et le feu croisé incessant des mots d’esprit et des anecdotes.
Le présent fut oublié, comme il doit toujours l’être dans des dîners bien réglés ; on ne pensa pas non plus à l’avenir, car les convives étaient des vieillards. Le passé seul fit l’objet de leur occupation. Ils parlèrent de leurs premières amours, ils rirent de leurs escapades de jeunesse, ils chantèrent des lambeaux de vieilles chansons.
De temps en temps, le souvenir d’un chagrin commun circulait autour de la table, étouffant pour un instant le bruit assourdissant des conversations, puis la mémoire d’une joie mutuelle brillait joyeusement à leurs yeux comme les bulles scintillantes du vin ruisselant dans leurs coupes de cristal.
Il était 5 heures lorsque les barons prirent leurs sièges devant