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Histoire

autres ſortes. En un mot on pourroit s’imaginer être ici dans

    ſée. Il a depuis trois juſqu’à ſept pouces de diametre. Il eſt couvert d’une écorce griſâtre, de l’épaiſſeur d’un écu & même davantage, forte & liante comme du cuir. Après qu’on a fait une ou deux inciſions à cette écorce de toute la hauteur du fruit, on la leve comme ſi on écorchoit le fruit. On trouve une pellicule jaunâtre aſſez forte, quoique mince & adhérente à la chair. Après qu’on l’a enlevée, on trouve la chair du fruit qui eſt jaune, ferme comme celle d’une Citrouille, & d’une odeur aromatique qui fait plaiſir. Quand on le mange crud, il laiſſe dans la bouche une fort bonne odeur, mais un goût peu amer & gommeux. La maniere ordinaire de le manger, eſt de le couper par tranches aſſez minces, que l’on met une heure dans un plat avec du vin & du ſucre : cela lui ôte ſon amertume & ſa gomme. Il est excellent pour la poitrine, fort ſain & fort nourriſſant.

    On trouve dans ſon milieu un, deux, & ſouvent trois noyaux gros comme un œuf de Pigeon. Lorſqu’il n’y en a qu’un ſeul, l’arbre qui en proviendroit ſeroit immanquablement femelle & porteroit des fruits : lorſqu’il s’en trouve davantage, cela eſt caſuel, & ces noyaux pourroient produire des arbres mâles qui ne porteroient que des fleurs ſans fruits. L’amande du noyau eſt blanche, aſſez amere & aſtringente, à ce qu’on prétend.

    Le nom du Mamet vient des Eſpagnols.