Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.


— Admirable, en vérité ! Il l’a, dit-on, conduite à la foire au milieu d’un troupeau de chevaux où elle était si bien cachée qu’on ne pouvait pas la voir ; personne ne la connaissait à l’exception des Tatares qui viennent d’arriver et à eux il disait que sa jument n’était pas à vendre, qu’elle était promise ; la nuit, il la séparait des autres et la confiait à la garde d’un palefrenier spécial, et tout d’un coup voilà qu’il l’exhibe à présent et la met en vente. Tu verras, il va s’en passer de drôles à l’occasion de cette jument et le chien la vendra un fameux prix ; veux-tu parier que je te dis à qui elle sera adjugée ?

— Pourquoi parierions-nous à ce propos ?

— Parce que tout à l’heure cela va chauffer ; à coup sûr, tous les messieurs s’effaceront et le cheval restera à l’un de ces deux Asiatiques.

— Bah ! fis-je, — ils sont donc bien riches ?

— Oui, et ce sont des amateurs passionnés ; ils possèdent de grands troupeaux de chevaux et, quand un beau cheval est à