Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.


— Je couvre toutes les enchères : je veux que cette jument soit à moi !

Je demande à mon voisin pourquoi les choses ont pris cette tournure ?

— Parce que telle est la manière d’agir du khan Djangar, me répond-il. — Ce n’est pas la première fois, c’est presque à chaque foire qu’il en use de la sorte : il commence par vendre tous les chevaux ordinaires qu’il a amenés ici ; puis, le dernier jour, il tire, le diable sait d’où, comme d’une boîte à surprises, une ou deux bêtes qui font tourner la tête aux connaisseurs ; lui, le rusé Tatare, cela l’amuse, sans compter l’argent qu’il empoche. Comme on lui connaît cette habitude, on attend le dernier cheval qu’il tient en réserve. Cette fois-ci, les choses se sont encore passées de la même façon : tout le monde pensait que le khan partirait aujourd’hui et, en effet, il partira ce soir ; mais maintenant tu vois quelle jument il a présentée…

— Le fait est, dis-je, — que c’est un cheval admirable !