Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peau qu’il ne cesse d’agiter. Arrivé à l’endroit où a lieu la vente, il saute à terre, laisse là sa monture et s’approche vivement de la jument blanche.

— Elle est à moi, dit-il.

— Comment donc ? répond le khan ; — les messieurs en offrent cinq cents roubles.

Le cavalier était un Tatare d’une taille gigantesque, avec un ventre énorme et une trogne toute pelée que trouaient deux petits yeux semblables à d’étroites lézardes.

— Je donne cent roubles de plus que tous les autres ! clame-t-il aussitôt.

Piqués d’émulation, les messieurs couvrent cette mise et le khan Djangar fait claquer ses lèvres ; sur ces entrefaites arrive un second cavalier tatare monté sur un cheval alezan à crinière blanche. Le nouveau venu est un homme maigre, jaune, n’ayant que les os et la peau, mais son insolence dépasse encore celle de l’autre. Il met pied à terre et va se planter comme un clou devant la jument blanche en disant :