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quand enfin je vis qu’il était impossible de rester plus longtemps, j’allai faire un tour au dehors. Je passai la Soura et, dans la steppe située au delà de cette rivière, j’aperçus des troupeaux de chevaux et des tentes tatares. Celles-ci étaient toutes pareilles les unes aux autres ; une seule se distinguait par le bariolage de ses couleurs ; autour d’elle divers messieurs examinaient des chevaux de selle. Militaires, civils, propriétaires, tous ceux qui étaient venus à la foire, fumaient leur pipe debout, et au milieu d’eux, sur un tapis de feutre de diverses couleurs, était gravement assis un Tatare, mince et long comme un échalas, qui portait une robe de chambre bigarrée et avait sur la tête un bonnet doré. Avisant dans la foule un homme qui, au traktir, avait pris du thé à côté de moi, je liai conversation avec lui.

— Quel est donc, lui demandai-je, — ce Tatare si important qui seul reste assis quand tous les autres se tiennent debout ?

— Est-il possible que tu ne le connaisses