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ne dis pas à mon mari, ton maître, que tu m’as vue, et reviens demain ici, à cette même place, avec le baby, pour que je puisse encore le caresser.

— Ça, c’est une autre affaire, répondis-je ; — ça, je te le promets et je tiendrai parole.

En effet, je ne parlai pas à mon barine de cette rencontre et le lendemain je retournai au liman avec la chèvre et la fillette. La dame nous y attendait déjà. Elle était restée tout le temps assise dans un endroit où le sol faisait un petit pli ; mais dès qu’elle nous eut aperçus, elle se leva d’un bond et courut au-devant de nous, pleurant et riant à la fois. Elle fourra des jouets dans les deux mains de l’enfant, passa même au cou de notre chèvre une clochette pendue à un joli cordon, et ne m’oublia pas non plus : je reçus d’elle une pipe, une blague à tabac et un peigne.

— Fume cette pipe, je te prie, me dit-elle, — moi j’aurai soin de l’enfant.

Nous eûmes comme cela de fréquentes entrevues près du liman. La dame était tou-