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— Dis-moi la vérité : tu es un fugitif ?

Je répondis affirmativement.

— Un voleur, un assassin, ou tout simplement un vagabond ? continua-t-il.

— Pourquoi me demandez-vous cela ? lui dis-je.

— Pour mieux savoir à quel emploi tu es propre.

Je racontai pourquoi je m’étais enfui de chez le comte ; soudain il se jeta à mon cou et m’embrassa.

— Il m’en faut un pareil ! C’est ce qu’il me faut ! cria-t-il. — Si tu t’es attaché à des pigeons, tu peux, pour sûr, élever ma fille : je te prends pour bonne d’enfant.

— Comment, pour bonne d’enfant ? fis-je avec effroi. — Je ne suis nullement apte à ce métier.

— Si, ne dis pas de bêtises, reprit le barine ; — je vois que tu peux être bonne d’enfant et c’est bien heureux pour moi, car ma femme s’est enfuie avec un remonteur, me laissant une fillette à la mamelle, dont je n’ai ni le